1- Article de Raffaelli André
Nous avons conduit à sa dernière demeure ce samedi passé notre tante Santa RAFFAELLI née CORALLINI. Elle aurait eu 103 ans au printemps prochain.
Qui était-elle ? Discrète mais fière de sa naissance, elle ne manquait jamais de glorifier ses parents et son milieu familial. Intelligente et studieuse, elle avait été contrainte d’interrompre ses études à Bastia pour prendre en mains, jusqu’à son mariage, la tenue de la maison que sa mère ne pouvait plus assurer pour des problèmes de santé.
Chez les CORALLINI, notables du village, les travaux des champs et les soins des bêtes laissaient peu de temps aux loisirs auxquels aurait pu prétendre une jeune fille de son âge. Elle s’en acquitta toujours avec soin et dévouement.
Mais il fallait envisager une autre vie. Elle épousa donc notre oncle Blaise Raffaelli et ils vécurent heureux, de nombreuses années.
Puis ses parents sont partis, son mari aussi ainsi que ses frères, la voilà seule mais entourée et soutenue par les siens, pas question de baisser les bras. La voilà devenue une personne de bon conseil, d’un comportement tempéré dans ses jugements, évitant les critiques et les médisances et toujours disponible pour rendre service. Jusqu’à un âge avancé elle a mené une vie tranquille mais intellectuellement active, suivant avec attention les événements du monde et la vie politique qui était son ‘dada’. Ses réflexions étaient souvent très pertinentes, n’hésitant pas, le cas échéant, à vous sortir telle ou telle citation pour corroborer son opinion. Elle se plaisait aussi à se remémorer des poésies de son jeune âge comme l’école nous en faisait apprendre autrefois.
Mais Zia Santa était aussi une bonne cuisinière et savait recevoir. Elle excellait à faire des confitures et son fameux ‘limoncellu’ apprécié par ses visiteurs. Sa spécialité était les ‘frappe’. La recette originale venait de Bisinchi, rapportée par sa mère lors de son mariage. Au sujet du mariage de ses parents il est bon de rappeler comment s’organisèrent les préparatifs de la cérémonie : de Bisinchi et de Canaghja parti un cortège, la future mariée et son futur mari montés chacun sur un cheval blanc se croisèrent à la limite des communes, Stefanu CORALLINI remis les clés de la maison à Marie PAOLI et tous deux se présentèrent à Campile puis à l’église pour s’installer au hameau de Canaghja où les attendaient les habitants du village invités au repas de noces.
Voilà les réflexions qui me viennent à l’esprit en pensant à Zia Santa qui était aussi ma ‘cummare’. Elle laisse un vide au village car elle était la mémoire de ce qui fut, de la parenté, des lieux, des us et des coutumes.
Elle aura retrouvé, là-haut, ceux qui ont compté dans sa vie et, quand elle en aura fini avec eux, sûr que le Bon Dieu lui fera signe pour lui accorder le repos éternel qu’elle aura mérité.
U 10 di Maghju in 20 Per mè ghjera cume una mama
in Paese di a Canaghja Quantè volte si hè inchietada
indè a Famiglia Corallini S'ella un mi vidià ghjunge
Una ziteluccia ghjè nata A u télèfonu era apiccata
Ghjera la prima figliola E tantu ch'o un rispundiva
E Santa l'hanu chjamata ! Ella un era tranquillizata
Hà ingrendatu in paese Oghje qui a mezzu a li toi
A la scola ghjé andata Eu ti voliu rende omaggiu
Cùn Timuleone Franceschi Mi hai amparatu a nostra lingua
Ella ne ha tantu emparatu E pò mi hai tantu datu
E a l'età di 11 ani E credi puru o ziuccia
A u liceu hè fallata Mai mi ne scurderaghju
N'hè vulia fà stitutrice Memoria di lu paese
Mà lu destinu un ha vuliutu Oghje o Santa ti nè vai
ghjè ricullata in Canaghja di lu prevetu diplumata Posse tù ripusà in pace
Per aiutà la sò mama Fianc'a li tò antenati
Chi avìa sei omi in casa
STEFANU
Ghjè diventada una dona
E pronta dà marità
Mà di Ziu Biasgiu in casa
Un vulianu sente parlà
Allora so scapati in Parigi
Per pudessi marità
Ziu Biasgiu di l'armata
Ellu s'era ritiratu
Sò riturnati in paese
E buttea hanu pigliatu
A Canaghja ghjera viva
E elli ci participavanu
E pò so passati l'anni
A vita a cuntinuatu
Ziu ellu, si n'hè andatu
Lasciendu a Santa abbambanata
E durante 46 anni
Leale a ellu hè firmata
Durante a sò vita sana
A curatu tanta ghjente
Sia per lu bè o per lu male
Ella ghjera sempre presente
E ghje per què che'o oghje
Voliu onorà la sò mente
Nous avons conduit à sa dernière demeure ce samedi passé notre tante Santa RAFFAELLI née CORALLINI. Elle aurait eu 103 ans au printemps prochain.
Qui était-elle ? Discrète mais fière de sa naissance, elle ne manquait jamais de glorifier ses parents et son milieu familial. Intelligente et studieuse, elle avait été contrainte d’interrompre ses études à Bastia pour prendre en mains, jusqu’à son mariage, la tenue de la maison que sa mère ne pouvait plus assurer pour des problèmes de santé.
Chez les CORALLINI, notables du village, les travaux des champs et les soins des bêtes laissaient peu de temps aux loisirs auxquels aurait pu prétendre une jeune fille de son âge. Elle s’en acquitta toujours avec soin et dévouement.
Mais il fallait envisager une autre vie. Elle épousa donc notre oncle Blaise Raffaelli et ils vécurent heureux, de nombreuses années.
Puis ses parents sont partis, son mari aussi ainsi que ses frères, la voilà seule mais entourée et soutenue par les siens, pas question de baisser les bras. La voilà devenue une personne de bon conseil, d’un comportement tempéré dans ses jugements, évitant les critiques et les médisances et toujours disponible pour rendre service. Jusqu’à un âge avancé elle a mené une vie tranquille mais intellectuellement active, suivant avec attention les événements du monde et la vie politique qui était son ‘dada’. Ses réflexions étaient souvent très pertinentes, n’hésitant pas, le cas échéant, à vous sortir telle ou telle citation pour corroborer son opinion. Elle se plaisait aussi à se remémorer des poésies de son jeune âge comme l’école nous en faisait apprendre autrefois.
Mais Zia Santa était aussi une bonne cuisinière et savait recevoir. Elle excellait à faire des confitures et son fameux ‘limoncellu’ apprécié par ses visiteurs. Sa spécialité était les ‘frappe’. La recette originale venait de Bisinchi, rapportée par sa mère lors de son mariage. Au sujet du mariage de ses parents il est bon de rappeler comment s’organisèrent les préparatifs de la cérémonie : de Bisinchi et de Canaghja parti un cortège, la future mariée et son futur mari montés chacun sur un cheval blanc se croisèrent à la limite des communes, Stefanu CORALLINI remis les clés de la maison à Marie PAOLI et tous deux se présentèrent à Campile puis à l’église pour s’installer au hameau de Canaghja où les attendaient les habitants du village invités au repas de noces.
Voilà les réflexions qui me viennent à l’esprit en pensant à Zia Santa qui était aussi ma ‘cummare’. Elle laisse un vide au village car elle était la mémoire de ce qui fut, de la parenté, des lieux, des us et des coutumes.
Elle aura retrouvé, là-haut, ceux qui ont compté dans sa vie et, quand elle en aura fini avec eux, sûr que le Bon Dieu lui fera signe pour lui accorder le repos éternel qu’elle aura mérité.
2-Poésie d'Etienne Corallini
A VITA DI ZIA SANTA U 10 di Maghju in 20 Per mè ghjera cume una mama
in Paese di a Canaghja Quantè volte si hè inchietada
indè a Famiglia Corallini S'ella un mi vidià ghjunge
Una ziteluccia ghjè nata A u télèfonu era apiccata
Ghjera la prima figliola E tantu ch'o un rispundiva
E Santa l'hanu chjamata ! Ella un era tranquillizata
Hà ingrendatu in paese Oghje qui a mezzu a li toi
A la scola ghjé andata Eu ti voliu rende omaggiu
Cùn Timuleone Franceschi Mi hai amparatu a nostra lingua
Ella ne ha tantu emparatu E pò mi hai tantu datu
E a l'età di 11 ani E credi puru o ziuccia
A u liceu hè fallata Mai mi ne scurderaghju
N'hè vulia fà stitutrice Memoria di lu paese
Mà lu destinu un ha vuliutu Oghje o Santa ti nè vai
ghjè ricullata in Canaghja di lu prevetu diplumata Posse tù ripusà in pace
Per aiutà la sò mama Fianc'a li tò antenati
Chi avìa sei omi in casa
STEFANU
Ghjè diventada una dona
E pronta dà marità
Mà di Ziu Biasgiu in casa
Un vulianu sente parlà
Allora so scapati in Parigi
Per pudessi marità
Ziu Biasgiu di l'armata
Ellu s'era ritiratu
Sò riturnati in paese
E buttea hanu pigliatu
A Canaghja ghjera viva
E elli ci participavanu
E pò so passati l'anni
A vita a cuntinuatu
Ziu ellu, si n'hè andatu
Lasciendu a Santa abbambanata
E durante 46 anni
Leale a ellu hè firmata
Durante a sò vita sana
A curatu tanta ghjente
Sia per lu bè o per lu male
Ella ghjera sempre presente
E ghje per què che'o oghje
Voliu onorà la sò mente