en pensée avec nos chers disparus..
Libre propos ... Depuis la fin du printemps la transhumance humaine a commencé. Reviennent au village les familles, et bien souvent en premier les grands-parents avides de préparer les maisons ancestrales et de leur redonner un peu de vie à la clarté du soleil pour recevoir durant les vacances scolaires leurs enfants, leurs petits enfants et goûter ainsi à l'atmosphère paisible de la campagne aérée, au loin des villes saturées de bruit et d'atmosphère polluée.
C'est une joie pour eux de voir les liens de la famille se recréer, se ressaisir et de partager le temps présent comme celui aussi de quelques anciens souvenirs racontant la vie antérieure que les plus jeunes auront bien du mal à comprendre. Reviennent aussi les personnes entre deux âges seules ou en couple. Elles passent trois, quatre cinq mois selon. Une vitale nécessité de ressourcement. Mais revenir au village ce n'est pas seulement venir prendre le frais ; c'est pour la plupart le besoin de renouer avec les racines de la vie et partager des moments, des paroles avec ceux qui y vivent toute l'année.
Ceux là sont peu nombreux aujourd'hui et leur nombre ne dépasse pas les doigts des deux mains. La plus âgée a 97 ans, la plus jeune 5 ans. Vivre au village : tel est le choix de vie qu'ils ont fait. Leur quotidien est comme celui de tout en chacun : travailler pour les plus jeunes souvent à plusieurs kilomètres d'ici, s'occuper pour les plus âgées, aller à l'école qui bien évidemment n'est pas à domicile, pour les plus petits. Mais tous savent combien cette vie est fragile : désert médical, pas de commerce de proximité,désert culturel,...et le dernier « bistrot » a fermé ses portes il y a bien des décennies.
L'hiver, les conditions climatiques rendent encore plus difficiles ce quotidien que seul le préposé au courrier et le boulanger osent encore affronter en coup de vent. Le brouillard, le froid, la pluie, la tempête et parfois la neige perturbent fortement les courtes journées.
Année après année les figures des personnes, que l'on croyaient éternelles tant elles avaient habité chacune des maisons du hameau depuis plus d'un demi siècle, disparaissent: la maladie, les accidents sont passés par là, emportant ces âmes dont nous garderons le souvenir intact. Leurs visages étaient comme des rayons de soleil . Elles ouvraient leur porte, leur cœur plus difficilement. Assises sur leur banc, elles offraient le peu qu'elles possédaient : un café, un rire qui sonnent encore à nos oreilles comme des petites musiques. Elles étaient comme les gardiens du temple, l’œil attentif à tout événement. Elles portaient en elles le passé avec fierté. Leurs vies avaient traversé le temps...Elles ont été nombreuses depuis l'année dernière à s'endormir pour l'éternité. Les cœurs tristes demeurent. Les maisons se sont fermées avec elles. Les volets ne s'ouvrent plus à la première heure comme avant, les odeurs des soupes n'existent plus. Il n'y a plus de paroles, de cris au loin comme des signes de vie. C'est le tocsin qui temporairement a pris le dessus.
La vie de village s'écoule ainsi et ce n'est pas toujours facile. Les grands problèmes sociétaux qui occupent le monde médiatique sont un peu loin des priorités auxquelles doivent faire face ceux qui tentent un quotidien rural et qui souffrent d'un mal appelé la solitude.
Alors pour conclure ce propos, nous leur offrons cette poésie que notre tante Santa récite par cœur alors qu'elle est dans sa 97 ième année:
Ma solitude,
Je l'aime bien ma solitude
Car elle est ma meilleure amie
Depuis longtemps j'ai l'habitude
De vivre en sa compagnie
Parfois je lui suis infidèle
Cherchant quelques plaisirs ailleurs
Mais je reviens vite vers elle
Je ne trouve rien de meilleur
Que la sentir à mes côtés
Invisible et pourtant présente
Avec elle je peux rêver
Son silence même m'enchante
Et lorsque je suis un peu lasse
Elle me chuchote tout bas
Ne crains rien si le temps passe
Car je serai toujours là.
Oui j'aime ma solitude
Elle est une douce amie
Pourquoi changer mes habitudes?
Pourtant certains jours je me dis
Pourquoi me mentir à moi-même
Je suis bien seule en mon désert
Comme l'avait dit La Fontaine
Je trouve les raisins trop verts
Si je subis ma solitude
Parce que je ne sais pas comment
Pourraient changer mes habitudes
Je suis bien trop seule à présent.
C'est une joie pour eux de voir les liens de la famille se recréer, se ressaisir et de partager le temps présent comme celui aussi de quelques anciens souvenirs racontant la vie antérieure que les plus jeunes auront bien du mal à comprendre. Reviennent aussi les personnes entre deux âges seules ou en couple. Elles passent trois, quatre cinq mois selon. Une vitale nécessité de ressourcement. Mais revenir au village ce n'est pas seulement venir prendre le frais ; c'est pour la plupart le besoin de renouer avec les racines de la vie et partager des moments, des paroles avec ceux qui y vivent toute l'année.
Ceux là sont peu nombreux aujourd'hui et leur nombre ne dépasse pas les doigts des deux mains. La plus âgée a 97 ans, la plus jeune 5 ans. Vivre au village : tel est le choix de vie qu'ils ont fait. Leur quotidien est comme celui de tout en chacun : travailler pour les plus jeunes souvent à plusieurs kilomètres d'ici, s'occuper pour les plus âgées, aller à l'école qui bien évidemment n'est pas à domicile, pour les plus petits. Mais tous savent combien cette vie est fragile : désert médical, pas de commerce de proximité,désert culturel,...et le dernier « bistrot » a fermé ses portes il y a bien des décennies.
L'hiver, les conditions climatiques rendent encore plus difficiles ce quotidien que seul le préposé au courrier et le boulanger osent encore affronter en coup de vent. Le brouillard, le froid, la pluie, la tempête et parfois la neige perturbent fortement les courtes journées.
Année après année les figures des personnes, que l'on croyaient éternelles tant elles avaient habité chacune des maisons du hameau depuis plus d'un demi siècle, disparaissent: la maladie, les accidents sont passés par là, emportant ces âmes dont nous garderons le souvenir intact. Leurs visages étaient comme des rayons de soleil . Elles ouvraient leur porte, leur cœur plus difficilement. Assises sur leur banc, elles offraient le peu qu'elles possédaient : un café, un rire qui sonnent encore à nos oreilles comme des petites musiques. Elles étaient comme les gardiens du temple, l’œil attentif à tout événement. Elles portaient en elles le passé avec fierté. Leurs vies avaient traversé le temps...Elles ont été nombreuses depuis l'année dernière à s'endormir pour l'éternité. Les cœurs tristes demeurent. Les maisons se sont fermées avec elles. Les volets ne s'ouvrent plus à la première heure comme avant, les odeurs des soupes n'existent plus. Il n'y a plus de paroles, de cris au loin comme des signes de vie. C'est le tocsin qui temporairement a pris le dessus.
La vie de village s'écoule ainsi et ce n'est pas toujours facile. Les grands problèmes sociétaux qui occupent le monde médiatique sont un peu loin des priorités auxquelles doivent faire face ceux qui tentent un quotidien rural et qui souffrent d'un mal appelé la solitude.
Alors pour conclure ce propos, nous leur offrons cette poésie que notre tante Santa récite par cœur alors qu'elle est dans sa 97 ième année:
Ma solitude,
Je l'aime bien ma solitude
Car elle est ma meilleure amie
Depuis longtemps j'ai l'habitude
De vivre en sa compagnie
Parfois je lui suis infidèle
Cherchant quelques plaisirs ailleurs
Mais je reviens vite vers elle
Je ne trouve rien de meilleur
Que la sentir à mes côtés
Invisible et pourtant présente
Avec elle je peux rêver
Son silence même m'enchante
Et lorsque je suis un peu lasse
Elle me chuchote tout bas
Ne crains rien si le temps passe
Car je serai toujours là.
Oui j'aime ma solitude
Elle est une douce amie
Pourquoi changer mes habitudes?
Pourtant certains jours je me dis
Pourquoi me mentir à moi-même
Je suis bien seule en mon désert
Comme l'avait dit La Fontaine
Je trouve les raisins trop verts
Si je subis ma solitude
Parce que je ne sais pas comment
Pourraient changer mes habitudes
Je suis bien trop seule à présent.