En sortant de l’Eglise Saint Germain des Prés, où je venais d’assister, ce dimanche de Pâques, à un concert d’orgues dont les vents, soprano, alto et basse bourdonnaient encore dans mes oreilles, ma réflexion s’est portée sur l’organiste-attitrée (A-M Blondel) et sur la dextérité qu’il lui fallait pour lire sa partition et jouer avec autant de talent sur 7 claviers.
Il m’est venu alors à l’idée de rappeler comment un moine musicien, dont les élèves avaient tant de mal à mémoriser le plain-chant, créa une nouvelle méthode de notation encore en vigueur aujourd’hui dans le monde romain.
A l’origine, les faits se situent aux alentours de l’an 800. L’empereur Charlemagne délègue à l’un de ses clercs la mission de le représenter pour bénir, à l’abbaye de Monte-Cassino, le cierge annonçant la résurrection du Christ et chanter l’hymne de louanges EXULTET² qui sera repris en chœur par la foule des participants. Hélas au moment où il s’apprête à entonner les premières paroles ‘’.… qu’éclate dans le ciel la joie des anges ….’’ aucun son ne sort de sa bouche.
A ses côtés se trouve PAULUS DIACONUS, (que nous appelons, en français, Paul Diacre). C’est un historien, un poète et, qui plus est, un cistercien. Devant l’émoi créé par cette défaillance, aussi subite qu’inexpliquée, Paulus se tourne vers Saint Jean-Baptiste et l’implore d’intervenir pour rétablir la situation. Saint Jean-Baptiste n’est pas ORL il ne sait que faire mais, fort opportunément il a, à ses côtés, Saint Damien, patron des pharmaciens, qui remédie immédiatement à la chose, et tout se termine bien.
Pour remercier le saint, Paulus Diaconus compose aussitôt un hymne en son honneur qu’un autre moine, musicien celui là, utilisera plus tard pour mettre un peu d’ordre et de logique dans l’écriture de la musique.
Ce moine s’appelle GUIDO d’AREZZO, il est né à la fin du 10ème siècle. C’est un professeur de musique et un pédagogue auquel on doit, entre autres, la dénomination des notes. Il s’inspira, pour cela, de l’hymne de Diaconus, en utilisant les premières syllabes, du poème de l’UT au FA.
Le SI (Sancte Ioannes), lui, fut ajouté par la suite par un autre moine pour élargir la gamme. Quant au UT, jugé peu musical, il fut remplacé au 17ème siècle par le DO (Domine)
Voici l’hymne * de Paul Diacre
* UT queant laxis
REsonare fibris
MIra gestorum
FAmuli tuorum
SOLve polluti
LAbii reatum
Sancte-Ioannes
* ‘’ Pour que tes serviteurs puissent chanter d’une voix vibrante les merveilles de tes
actions, efface le péché qui souille leurs lèvres, oh, Saint-Jean.’’
² L'Exultet est chanté à la vigile pascale après la procession d'entrée dans l'église qui commence dans l'obscurité. Ne brille que la clarté du cierge pascal.. Ce chant annonce la Pâque.
² L'Exultet est chanté à la vigile pascale après la procession d'entrée dans l'église qui commence dans l'obscurité. Ne brille que la clarté du cierge pascal.. Ce chant annonce la Pâque.